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Les meilleurs juniors

 

Après une saison 2020 très compliquée en raison de la crise sanitaire, le circuit junior 2021 a repris une allure plus ou moins normale. A l’exception de l’Open d’Australie qui n’a pas pu avoir lieu. Ce hiatus de 2020 a sans doute poussé les meilleurs joueurs de cette génération, privés des plus gros tournois l’an dernier, à se lancer directement sur le grand circuit. Il y a aussi quelques prodiges comme Carlos Alcaraz ou Cori Gauff, par exemple, qui auraient encore pu faire partie de cette liste mais qui n’ont plus rien à faire chez les juniors depuis longtemps. Cette sélection comprend donc les meilleurs joueurs et joueuses nés en 2003 ou après, encore classés hors des Top 100 ATP/WTA et que nous n’avons pas encore évoqués dans nos sélections des années précédentes.

Hommes :

Luca Nardi (ITA, né le 6 août 2003, meilleur classement ITF junior : 17e, ATP : 356e) :

Le vivier de jeunes talents italiens ne semble pas près de tarir. Après Matteo Berrettini, Jannik Sinner et Lorenzo Musetti (ils sont huit en tout dans le Top 100), on entendra peut-être bientôt parler de Luca Nardi au plus haut niveau. Le joueur de Pesaro s’est fait remarquer très tôt puisqu’il a atteint la première place du circuit Tennis Europe des “14 ans et moins” en 2017. Dès le début de cette année, il s’imposait en simple et en double du prestigieux tournoi des Petits As.

En demi-finale à Tarbes, Luca Nardi avait même pris la mesure de Holger Rune, le Danois désormais proche du Top 100 ATP. Par la suite, il s’était aussi imposé au Masters dans cette catégorie d’âge. Il avait également fait ses premiers pas sur le circuit junior (18 ans et moins) cette année-là. Et il s’impose dès son deuxième tournoi à ce niveau, un Grade 5 à Tirana, face au Belge Olivier Rojas. Il débute 2018 par une nouvelle victoire en Grade 5 en Bosnie puis, trois mois plus tard, il signe un nouveau succès dans un Grade 4 en Tunisie. L’Italien se consacre alors à des tournois plus relevés et, en septembre, il s’impose dans un Grade 2 tchèque. En 2019, il atteint une demi et deux quarts de Grade 1, puis dispute son premier Grand-Chelem à l’US Open mais s’incline au deuxième tour. Il perd au même stade de l’Open d’Australie 2020 avant que la crise sanitaire ne vienne mettre un terme à ses ambitions sur le circuit. Il ne rejoue plus qu’à Roland-Garros en 2020 et 2021 mais sans grand succès. 

Luca Nardi avait déjà fait une apparition sur le circuit ITF adulte au début de l’été 2018 et avait atteint les quarts de finale de son tout premier Future. En mars 2020, juste avant le lockdown donc, il s’impose à ce niveau pour son sixième tournoi “chez les grands”. Au retour du circuit, il prend part à quelques Challengers puis obtient même une invitation pour le tournoi ATP d'Anvers où il perd en trois sets face à Marcos Giron. La saison 2021 de l’Italien ne démarre pas très bien puisqu’il ne remporte que deux matchs lors de ses huit premières sorties. Il faut attendre juin et le Future de Gènes, où il s’impose, pour le voir retrouver un bon niveau. L’Italien atteint une autre finale à Pérouse puis remporte un $25.000 à Madrid en septembre. En fin d’année, il rejoue plus de Challengers et atteint un premier quart à Bari puis une demi à Forli mi-décembre. 

Très en vue chez les cadets, Luca Nardi n’a donc pas connu une carrière aussi brillante chez les juniors. Les premiers résultats de l’Italien chez les adultes font de lui le 4e joueur né en 2003 à l’ATP, derrière Carlos Alcaraz, Holger Rune et Shintaro Mochizuki. Ces deux derniers ont déjà été évoqués lors de notre sélection junior de 2019 (cf article). Quant au premier, il a déjà atteint les sommets que l’on sait.


Luca Van Assche (FRA, né le 11 mai 2004, meilleur classement ITF junior : 1e, ATP : 517e) :

Roland-Garros 2021. Le tournoi pro est un désastre pour le tennis français. Pas un seul joueur ne parvient à dépasser le deuxième tour, ni dans le tableau masculin, ni dans le tableau féminin. La preuve qu’une génération (les fameux “Nouveaux Mousquetaires”) est en train de tourner la page et que la génération suivante n’est pas (encore ?) prête à prendre le relais. Mais une semaine plus tard, l’espoir renaît chez les journalistes d’outre-Quiévrain. Les demi-finales du tournoi junior masculin sont à 100% françaises !

Et c’est Luca Van Assche qui sort vainqueur de cet “Open de France junior” qui porte particulièrement bien son nom. Luca n’est pas non plus un inconnu pour ceux qui suivent de près les résultats dans les catégories de jeunes. En 2018, il termine à la 2e place du classement européen cadet. Même s’il se loupe un peu lors du tournoi des Petits As où, devant son public, il s’incline au premier tour, il remporte deux autres “Catégorie 1” à Ryazan et à Messina. Il mène aussi son équipe à la victoire en Summer Cup (le championnat d’Europe U14 par pays). C’est aussi cette année-là qu’il fait ses premiers pas chez les juniors mais il faut attendre le printemps 2019 pour le voir remporter un Grade 5 dans les Canaries, puis rapidement, un autre en Moldavie. Il obtient alors déjà une invitation pour le tournoi junior de Roland-Garros mais perd au premier tour. Le public belge peut le découvrir au Grade 4 de Limelette, durant l’été, où il atteint la finale qu’il renonce à jouer face à son compatriote Sean Cuenin. Il atteint deux autres finales en fin d’année puis, comme les autres, voit sa saison 2020 perturbée par la crise sanitaire.

Après le confinement, il est encore invité à Roland-Garros mais perd à nouveau d’entrée. Il se qualifie ensuite pour le Grade 1 de Villena où il se hisse en finale, battu seulement par le Belge Pierre-Yves Bailly. Il termine sa saison par une très belle demi-finale au Grade A de Plantation. Cette année, Luca Van Assche remporte le Grade 2 d’Haskovo, un mois et demi avant Roland-Garros. Cette fois pas besoin d’invitation, le Français se présente même à Paris en tant que 13e tête de série. Et il s’impose sans perdre le moindre set, face à ses compatriotes Sean Cuenin et Arthur Fils en demi et en finale donc. Il dispute encore la saison sur gazon mais perd d‘entrée à Wimbledon. Chez les adultes, Luca est actif depuis fin 2019 mais il ne dispute qu’une poignée de tournois avant le confinement. Cette année, avant même son sacre en junior, il obtient une invitation pour les qualifications du grand tournoi de Roland-Garros mais perd d’entrée. Ce n’est qu’en septembre qu’il réalise un premier très bon résultat avec un quart de finale lors du Challenger de Cassis où il pousse aux trois sets le Top 100 Benjamin Bonzi.

En fin d’année, le Français atteint une demi et une finale dans des $25.000 dans son pays. Il se hisse une nouvelle fois en quart d’un Challenger à Brest puis obtient une nouvelle wild-card pour les qualifications de l’ATP 1000 de Paris où il s’incline à nouveau contre un Top 100. Luca Van Assche est né à Bruxelles d’un papa Belge et d’une maman Italienne mais la famille s’installe rapidement en France et finit par demander la nationalité de leur pays d’adoption. Il est à la tête d’une belle brochette de joueurs français (ils sont 6 dans le Top 50 juniors) destinés à être les “Nouveaux Mousquetaires” de la décennie qui vient.

Juncheng Shang (CHN, né le 2 février 2005, meilleur classement ITF junior : 1e, ATP : 669e) :

Depuis une dizaine d’années, l’Asie s’est ouverte au tennis masculin (ce sont surtout les filles qui brillaient jusque-là). L'avènement de Kei Nishikori n’y est pas pour rien. La Chine restait néanmoins à la traîne malgré les énormes moyens déployés dans l’optique des J.O. de Pékin et qui n’ont pas permis l’éclosion d’un joueur au plus haut niveau. En 2017, Yibing Wu avait tout de même atteint la première place chez les juniors (cf notre article) et remporté l’US Open, faisant naître quelques espoirs. Mais la carrière de ce joueur de désormais 22 ans est aujourd’hui au point mort.

Toutefois un autre jeune Chinois brille au plus haut sur le circuit junior cette année : Juncheng Shang. Seulement âgé de 16 ans, il termine 2021 à la première place mondiale. Il fait quelques apparitions sur le circuit TennisEurope dès 13 ans et remporte même un “Catégorie 1” aux Pays-Bas. Il gagne également plusieurs épreuves très relevées dans cette catégorie d’âge aux Etats-Unis où il part s'entraîner en 2018. La même année, il fait déjà ses premiers pas chez les juniors lors de quelques tournois en Chine et aux Etats-Unis. En mai 2019, il gagne son premier Grade 4 à Pékin puis un autre dans les Caraïbes en juin. Durant l’été, le Chinois atteint une première finale en Grade 3 à Monterrey et il termine cette saison par quelques participations en Grade A. Peu avant le confinement, il atteint deux quarts de finale en Amérique du Sud dont un au Grade A de la Banana Bowl. Il ne rejoue plus avant la toute fin de saison où il atteint déjà les demi-finales de l’Orange Bowl.

Début 2021, Juncheng Shang s’impose au Grade 1 de Salinas puis inscrit son nom au palmarès de la Banana Bowl. Un mois plus tard, il remporte aussi le “Easter Bowl, un prestigieux tournoi réservé aux Américains et à ceux qui s'entraînent aux Etats-Unis. Il prend ensuite part à ses premiers Grand-Chelems et atteint les quarts de finale à Roland-Garros, les demi-finales à Wimbledon et la finale de l’US Open. Cette saison bien pleine lui permet donc de terminer au sommet du classement junior. C’est aussi en 2021 que le Chinois dispute son tout premier tournoi chez les adultes. Et pas des moindre puisqu’il obtient une invitation pour les qualifications de l’ATP 1000 de Miami. Il ne s’y incline qu’au tie-break final face au Britannique Liam Broady, 158e mondial. Après sa finale à l’US Open junior, il dispute un Future à Fayetteville et le gagne. En octobre, il enchaîne avec deux nouvelles victoires en Futures en Floride puis dispute un premier Challenger au Mexique où il passe un tour.

Gaucher au tennis offensif, Juncheng Shang s'entraîne donc à Bradenton, dans la fameuse IMG academy où ses camarades ont plutôt l’habitude de le prénommer Jerry. Il y côtoie notamment Sebastian Korda à qui il sert souvent de partenaire d’entraînement. Il a débuté le tennis à 4 ans, dans une famille de sportifs professionnels puisque son papa Yi Shang est un ancien footballeur professionnel, sélectionné deux fois en équipe nationale. Sa maman Wu Na fut, de son côté, 12e mondiale en tennis de table en 1995 et championne du monde en double mixte deux ans plus tard.

Daniel Rincon (ESP, né le 7 janvier 2003, meilleur classement ITF junior : 2e, ATP : 902e) :

Dans la foulée de Carlos Alcaraz, un autre jeune Espagnol de 18 ans pourrait venir grossir les rangs de l’invincible armada dans les années à venir : Daniel Rincon. Chez les U14, il n’a atteint que la quinzième place, remportant tout de même un Catégorie 1 en 2018 à Torello. En double, il avait tout de même atteint la finale des Championnats d’Europe de la catégorie un an plus tôt, aux côtés d’un certain Carlos Alcaraz. Les deux jeunes Espagnols mènent d’ailleurs leur pays en finale de la World Team Cup (championnats du Monde par équipe U14) cette année-là. 

En 2018, Daniel Rincon dispute déjà ses premiers tournois juniors et il atteint la finale du second, un Grade 5 aux Canaries. Après une autre finale en Grade 4 au Portugal, il se consacre aux épreuves plus relevées. Mais ses résultats sont insuffisants et, à l’été 2019, il rejoue des tournois Grades 5. Il dispute à nouveau deux finales à ce niveau avant d’enfin remporter un titre à Casablanca (G4). En 2020, il s’impose au Grade 3 d’Oberhaching en février, puis atteint la finale de celui de Manacor. Après le confinement, il se hisse une nouvelle fois en finale à ce niveau à Lousada, au Portugal. C’est en mars 2021 que l’Espagnol remporte son premier titre important, lors du Grade 2 de Valence. Il enchaîne directement avec celui de Benicarlo avant de s’imposer au Grade 1 de Plovdiv un mois plus tard. 

Après ces trois succès sur terre, Daniel Rincon fait partie des favoris à Roland-Garros mais il s’incline en quart contre Arthur Fils. Il démontre ensuite qu’il peut aussi briller sur gazon en atteignant la finale du Grade 1 de Roehampton mais il perd au deuxième tour à Wimbledon. Il termine sa carrière chez les juniors par son plus beau titre : une victoire à l’US Open où il domine Juncheng Shang en finale. Les premiers pas de l’Espagnol chez les adultes ne sont pas encore franchement brillants. En 2019 et 2020, il dispute une poignée de Future mais n’atteint pas le moindre quart de finale. Il faut attendre janvier 2021 pour le voir jouer une première demi à ce niveau à Manacor. Il se recentre ensuite sur le circuit junior mais dispute encore quelques tournois pro, notamment les qualifications du tournoi ATP de Majorque. 

Ce n’est qu’après son titre à l’US Open qu’il atteint une nouvelle demi, à Melilla. En fin d’année, il obtient des invitations pour plusieurs Challengers mais sans succès. Daniel Rincon est le premier Espagnol à s’imposer à l’US Open junior depuis Javier Sanchez en 1986. Gaucher au tennis porté vers l’avant, il risque de souffrir longtemps de la comparaison avec Carlos Alcaraz, de 5 mois son cadet. Pensionnaire de la Rafael Nadal Academy, il pourrait demander quelques conseils de gestion de la pression au plus célèbre des Majorquin. 

Samir Banerjee (USA, né le 2 octobre 2003, meilleur classement ITF junior : 2e, ATP : Ncl) :

Comme chaque année, il y a un certain nombre de joueurs américains qui brillent sur le circuit junior (même si tous ne parviennent pas à effectuer la transition vers les pros). Il y en a trois qui terminent dans le Top 10 en 2021. Tous ont leurs qualités propres qui peuvent en faire de très bons joueurs dans quelques années. Nous avons décidé de faire un focus sur Samir Banerjee dans cette rétrospective car il est le mieux classé et il a un an de plus que les autres, que nous pourrons donc encore évoquer l’an prochain.

Originaire du New Jersey, Samir Banerjee est né de parents indiens expatriés aux Etats-Unis il y a déjà 35 ans. Dans la région d’origine de ses parents, l’Assam, le tennis et le golf sont très importants et c’est pour ça que l’Américain les pratique depuis tout petit. S’il ne fait pas partie des tous meilleurs du pays à 14 ans, il grimpe petit à petit dans la hiérarchie et remporte l’Easter Bowl des U16 en 2019. C’est seulement à l’été de cette année-là qu’il commence les tournois juniors internationaux. Il remporte son premier titre dès son troisième tournoi lors d’un Grade 5 disputé sur l’île de Curaçao, dans les Caraïbes. A la fin de l’année, il dispute un premier tournoi dans le pays d’origine de ses parents, un Grade 4 à New Delhi, et s’incline en quart de finale. Il poursuit son périple planétaire au Kenya en janvier 2020. Il y dispute deux Grades 4 et les remporte. Après une finale du même niveau au Mexique, Samir Banerjee en atteint une en Grade 3 au Costa Rica. Il planifie alors un nouveau circuit en Inde mais celui-ci est annulé en raison de la crise sanitaire. 

Il ne reprend la compétition qu’en octobre et aligne directement à nouveau deux titres, un Grade 4 en Macédoine et un Grade 3 en Turquie. En fin d’année, il dispute l’Orange Bowl mais s’arrête en huitième et en trois sets face à Arthur Fils. L’Américain entame 2021 en Amérique du Sud et atteint la finale du Grade 1 de Barranquilla. En mars, il atteint le même stade et au même niveau à San Diego mais il échoue au troisième tour de l’Easter Bowl. Après une nouvelle demi dans un Grade 1 tchèque, il se rend à Roland-Garros où il s’incline d’entrée. Sa déception ne sera que de courte durée puisque, un mois plus tard, il remporte Wimbledon à la surprise générale. Non tête de série à Londres, il peine un peu en début de tournoi mais progresse au fil des tours et s’impose en battant Victor Lilov, un des autres Américains très en vue cette année. 

Sa fin de saison chez les juniors est moins glorieuse. Il s’arrête en quart à l’US Open et est battu d’entrée à l’Orange Bowl. Chez les adultes, Samir Banerjee n’a pas encore marqué de points et n’a même disputé que quatre épreuves. Tout simplement parce que ce n’est pas son objectif actuel. Depuis la rentrée, l’Américain est entré à Stanford et disputera le championnat universitaire. On ne le verra donc pas débouler en Grand-Chelem d’ici un an ou deux. Mais retenez tout de même son nom, on pourrait bien le retrouver au plus haut niveau dans la deuxième partie de la décennie.


Femmes :

Oksana Selekhmeteva (RUS, née le 13 janvier 2003, meilleur classement ITF junior : 7e, WTA : 213e) :

S’il y a toujours des Américains qui brillent sur le circuit junior masculin, c’est la Russie qui semble bénéficier d’un filon intarissable chez les filles. Deux joueuses nées en 2004 font partie du Top 10 et il est très probable que l’une d’elles au moins soit dans notre sélection l’an prochain. Il y a également la petite Mirra Andreeva qui, à seulement 14 ans, est déjà 14e mondiale. Mais nous préférons vous présenter ici une joueuse qui n’a disputé qu’un tournoi sur le circuit junior cette année et n’est donc plus que 67e mondiale. Car, à 18 ans, Oksana Selekhmeteva s’est surtout concentrée sur les tournois pour adultes. Avec succès puisqu’elle approche déjà le Top 200 au classement WTA,

Si les jeunes filles russes réussissent bien chez les juniors, c’est aussi parce qu’elles commencent très tôt à jouer intensivement. A 13 ans, et parallèlement à une bonne première saison chez les U14, Oksana Selekhmeteva fait déjà ses premiers pas chez les U18. Elle y aligne directement une finale et une victoire en Grade 5. L’année suivante, elle joue en même temps les trois catégories d’âge. Elle termine les U14 largement en tête du classement européen. Chez les U16, elle remporte deux gros tournois et termine aux portes du Top 20. Et chez les juniors, elle gagne déjà son premier Grade 2. En 2018 et 2019, elle ne dispute plus que les tournois par équipes chez les scolaires. Et elle réalise un quadruplé impressionnant et sans doute inégalé en remportant la Winter Cup et la Summer Cup ces deux années-là. D’autant qu’elle est déjà active au plus haut niveau chez les U18 à ce moment-là. La Russe dispute son premier Grand-Chelem à Roland-Garros en 2018 et y perd au second tour. Elle atteint également une finale en Grade 1. 

L’année suivante, à 16 ans, elle atteint les quarts de finale du Grade A de Milan et les demi-finales de l’US Open. C’est en double qu’elle réalise ses meilleures performances puisqu’elle s’impose à New York, ainsi qu’à l’Open d’Australie. La pause résultant de la crise sanitaire la pousse alors à se concentrer sur le circuit des adultes qu’elle arpente depuis fin 2018. Oksana Selekhmeteva ne prend part à quasiment aucun $15.000. Elle atteint son premier quart en W25 en mai 2019 à Khimki. Et il faut attendre la fin du lockdown pour qu’elle en atteigne un second. Début 2021, elle dispute tout de même un W15 à Manacor et l’emporte. La Russe participe alors à un dernier tournoi junior, à Roland-Garros, et y atteint les demi-finales. C’est à partir de là que les choses vont s'accélérer pour elle. Elle sort des qualifications du W60 de Montpellier et se hisse en quart. C’est ensuite à Biarritz, en juillet, pour un tournoi de même niveau, qu’elle atteint sa première finale ITF d’importance. En septembre, la Russe se hisse deux fois en demi-finale de $80.000. Le premier à Valence, où elle bat deux Top 200, et le deuxième en France. 

Elle dispute alors les qualifications du tournoi WTA de Moscou et en sort avant d’offrir une très belle opposition à Veronika Kudermetova. Oksana Selekhmeteva est gauchère et s'entraîne à Barcelone depuis quelques années. Son passage chez les juniors a peut-être été légèrement décevant au regard de ses excellents résultats dans les catégories d’âge inférieures. Mais le talent est présent chez la jeune fille et on devrait la revoir dans plusieurs tournois WTA dès 2022.

Victoria Jimenez Kasintseva (AND, née le 9 août 2005, meilleur classement ITF junior : 1e, WTA : 253e) :

A l’exact opposé de la Russie, Andorre n’a pas l’habitude de fourmiller de joueurs de tennis. Et c’est bien normal pour un pays de 78.000 habitants perché au sommet des Pyrénées. C’est même un miracle qu’une joueuse du talent de la jeune Victoria Jimenez Kasintseva puisse éclore là-bas. C’est que le seul autre joueur de tennis international que le pays a connu n’est autre que son papa, Joan Jimenez-Guerra, qui fut 516e mondial il y a 22 ans. Et comme Andorre ne compte qu’un seul court couvert sur son territoire, c’est du côté de Barcelone, où le papa tient une académie, que la petite Victoria Jimenez Kasintseva fait ses débuts. 

Dès 12 ans, elle s’illustre chez les U14 en s’imposant dans deux Catégories 3 aux Pays-Bas et à Majorque au printemps 2018. Durant l’été, elle remporte dans sa ville d’adoption, la prestigieuse Sanchez-Casal Youth Cup. En octobre, deux mois après son treizième anniversaire, elle prend déjà part à ses premiers tournois juniors. Après de dernières apparitions sans grand succès en cadets début 2019, elle se consacre définitivement au circuit U18. Et elle signe rapidement son premier succès dans un Grade 5 à Tarragone. En été, le public belge peut découvrir l’Andorienne lors du Grade 4 de Limelette où elle s’impose en dominant notamment Amélie Van Impe et Amelia Waligora. Le reste de sa saison est également couronné de succès. Elle remporte d’abord trois Grades 3, deux à Barcelone et un en France, puis crée la surprise en s’imposant lors du Grade A de Merida, au Mexique. En 2020, elle poursuit sur sa lancée et remporte l’Open d’Australie. A 14 ans, elle était pourtant la plus jeune joueuse du tableau. 

Cette victoire, acquise au forceps, notamment au troisième tour où elle a dû sauver trois balles de match, est historique à plus d’un titre. C’est bien évidemment le plus grand titre tennistique pour Andorre (et l’un des plus grands, tous sports confondus). C’est aussi une victoire incroyable pour une fille qui n’avait pas de classement junior un an plus tôt. Le confinement qui arrive un mois plus tard la coupe alors qu’elle vient de s’installer à la première place mondiale. Victoria Jimenez Kasintseva remporte encore un Grade 1 en fin d’année et dispute une autre finale à ce niveau. En 2021, elle se partage entre les juniors et les adultes sans parvenir à remporter d’autres grands titres chez les U18. Elle multiplie néanmoins les places d’honneur dans les plus gros tournois comme ses demi-finales à Wimbledon et Merida et ses quarts à Roland-Garros et l’US Open. Chez les adultes, après une première apparition en demi-finale d’un $15.000 en 2020, Victoria Jimenez Kasintseva perce vraiment cet été. 

Elle aligne un quart en W25 puis surtout une demi en W60 au mois d’août. En fin d’année, elle signe son premier succès lors d’un $25.000 au Brésil avant d’atteindre les quarts de finale lors du WTA 125 de Montevideo. Gauchère comme pas mal de joueurs et de joueuses de cette sélection, l’Andorraine de 16 ans est polyglotte puisqu’elle parle couramment le Catalan, le Castillan, le Français, le Russe (la langue de sa maman) et l’Anglais (elle a vécu quatre ans aux Etats-Unis). C’est peu dire qu’elle possède plus d’une corde à sa raquette.

Linda Noskova (CZE, née le 17 novembre 2004, meilleur classement ITF junior : 5e, WTA : 264e) :

Le tennis féminin tchèque est en plein boom (alors que chez les garçons, la progression de certains jeunes annonce une renaissance). Au plus haut niveau, Karolina Pliskova retrouve une seconde jeunesse, Barbora Krejcikova a crevé l’écran et plusieurs autres joueuses se sont montrées très performantes (elles sont huit dans le Top 100). Chez les juniors, plusieurs joueuses semblent très prometteuses à commencer par les sœurs Fruhvirtova. Linda était dans notre sélection l’an dernier (cf article) et Brenda le sera certainement en 2022. 


Mais pour l’instant, la cheffe de file de cette génération s’appelle Linda Noskova. Finaliste des Petits As en 2018, la Tchèque a largement dominé sa catégorie d’âge sur le continent européen cette année-là. Elle s’est ainsi imposée en simple et en double au TIM Essonne et au championnats d’Europe. Dès le mois d’avril de cette année-là, alors qu’elle n’a encore que 13 ans, elle dispute son premier tournoi chez les U18, un Grade 2 slovaque, et ne s’incline qu’en demi-finale. Un mois plus tard, elle se hisse même en finale d’un tournoi de même niveau en Autriche. Invitée aux qualifications de Roland-Garros, elle est éliminée d’entrée. Enfin en août, elle emmène son pays en finale de la Coupe du monde par équipe des U14, aux côtés de Linda Fruhvirtova. Linda Noskova réalise une saison 2019 de très bon niveau. Elle y remporte trois Grades 2 (un en Pologne, deux en Hongrie) et atteint une nouvelle finale mondiale par équipe, cette fois chez les U16. 

L’année 2020 aurait pu la voir percer au plus haut niveau mais elle rate un peu sa tournée australienne et le “lockdown” met fin à ses espoirs. En fin d’année, elle dispute encore Roland-Garros où elle se hisse en quart. Dès 2019, Linda Noskova avait disputé quelques tournois ITF et avait même atteint deux demis en $15.000. En 2020, elle ne dispute que quelques tournois dans son pays, notamment le WTA 125 de Prague où elle affronte Maiar Sherif. Lors du W25 de Prerov, elle a aussi la chance de jouer contre sa compatriote Barbora Krejcikova. Elle se lance dans le grand bain des tournois pour adultes en 2021 et commence par une finale et une demi en W15 en Egypte. En mars, elle remporte même ses deux premiers titres consécutivement lors de deux épreuves jouées à Bratislava. La Tchèque fait un rapide retour sur le circuit junior pour Roland-Garros et c’est un succès puisqu’elle s’y impose. 

Par la suite, elle dispute encore les Championnats d’Europe U18 durant l’été mais s’y incline en demi. A partir de son titre parisien, c’est chez les pros que Linda Noskova marque les esprits. Elle atteint notamment les demi-finales d’un W60 dans son pays en juillet, puis en remporte un autre en août, à Prerov. Elle conclut sa saison par un nouveau titre dans un W25. Première tchèque à s’imposer à Roland-Garros junior depuis Hana Mandlikova en 1978, elle ne tardera certainement pas à s’illustrer dans les tournois WTA


Robin Montgomery (USA, née le 5 septembre 2004, meilleur classement ITF junior : 2e, WTA : 372e) :

Comme chez les garçons, les Américaines brillent souvent sur le circuit junior ces dernières années. Entre 2016 et 2018, elles ne sont pas moins de six à avoir remporté un Grand-Chelem dans cette catégorie. On le sait depuis plusieurs années déjà, le plus beau des joyaux de l’oncle Sam né ce siècle s’appelle Cori Gauff. Mais d’autres joueuses comme Robin Montgomery ne manquent pas de talent et pourraient rapidement s’imposer aussi au plus haut niveau chez les pros. Elle fait partie des meilleures jeunes de son pays depuis son plus jeune âge. 

Fin 2017, à 13 ans seulement, l’Américaine dispute ses premiers tournois U18 au Texas et atteint un quart en Grade 4. Elle est sélectionnée pour deux importants tournois européens des moins de 14 ans, à Bolton et aux Petits As. Elle perd au troisième tour des deux épreuves (respectivement contre les têtes de série 2 et 1) mais brille en double où elle gagne en Grande-Bretagne et atteint la finale en France. Plus tard dans la saison, elle se hisse déjà en finale d’un Grade 1 et en quart des Grade A d’Osaka et de l’Orange Bowl chez les U18. Après avoir atteint la finale de l’Easter Bowl 2019, Robin Montgomery peut disputer ses premiers Grand-Chelems juniors mais ne parvient jamais en quart de finale. Elle termine la saison en s’imposant à l’Orange Bowl des 18 ans et moins, à seulement 15 ans et 4 mois. Battue en quarts de finale de l’Open d’Australie 2020 par la future gagnante Victoria Jimenez Kasintseva, elle se concentre sur le circuit des adultes après le confinement. 

Il faut dire que, juste avant ce “lockdown”, Robin Montgomery a déjà marqué les esprits en remportant à $25.000 à Las Vegas. Elle n’a alors que 15 ans et demi et elle ne disputait que son quatrième tournoi pro. A son retour sur le circuit, elle obtient une invitation pour l’US Open chez les grands à quelques jours de son seizième anniversaire. C’est évidemment une énorme expérience même si elle ne prend que quatre jeux face à Yulia Putintseva. En fin d’année, elle atteint encore une finale et deux quarts en W25. L’Américaine passe à la vitesse supérieure en 2021 avec un premier quart en W60 puis une invitation pour le WTA 1000 de Miami où, cette fois, elle prend un set à Magda Linette. A l’US Open, elle perd au premier tour des qualifications chez les adultes mais dispute malgré tout le tournoi junior. Elle s’y impose en simple comme en double. 

Robin Montgomery est la première à réaliser ce doublé à New York depuis Michaella Krajicek en 2004. La première de son pays depuis Lindsay Davenport en 1992 ! Un moment marquant de son parcours a été sa victoire lors de la junior Fed Cup (coupe du monde des U16) en 2019. Cette compétition est trustée par les Américaines ces dernières années puisqu’elles ont atteint six finales consécutives (dont trois victoires). Encore une preuve de l’énorme réservoir de talents de ce pays, dont cette gauchère (encore !) n’est pas le moindre.

Ane Mintegi del Olmo (ESP, née le 24 octobre 2003, meilleur classement ITF junior : 5e, WTA : 390e) :


Le tennis féminin espagnol brille à nouveau avec le retour au premier plan de Garbiñe Muguruza et l’avènement de Paula Badosa. Il pourrait encore connaître de belles heures vu la réussite, chez les juniors d’Ane Mintegi del Olmo. Originaire d’un petit village du Pays Basque, elle n’avait pas connu un parcours vraiment remarquable lors des compétitions U14, ne disputant que la Summer Cup (Coupe d’Europe par pays) sans grand succès puisque l’Espagne s’arrête dès le premier tour des qualifications.

L’année suivante, Ane Mintegi del Olmo ne dispute que les championnats d’Europe et la Summer Cup, chez les U16. Elle passe deux tours lors de l’épreuve individuelle puis qualifie tout de même son pays pour la phase finale par équipe. Tout de suite après, elle débute sur le circuit junior. Et ce début est une vraie réussite puisqu’elle s’impose lors de ses deux premiers tournois, des Grade 5 macédoniens. Qualifiée avec son pays pour la Fed Cup junior (avec les U16 donc), elle ne peut empêcher l’Espagne de terminer à la quinzième place sur seize, malgré cinq succès sur six matchs disputés en simple. La Basque termine tout de même la saison avec un troisième titre en Grade 5, en Egypte. En 2019, elle s’attaque à des tournois plus relevés mais c’est une grande surprise tout de même de la voir triompher lors du Grade A de Porto Alegre, au Brésil. Cette victoire lui permet désormais de disputer le tableau final des Grand-Chelems. 

A l’Open d’Australie 2020, Ane Mintegi del Olmo se hisse en quart de finale après avoir déjà atteint la finale du Grade 1 de Traralgon. Elle doit ensuite encaisser, comme les autres, le coup d’arrêt de la crise sanitaire. Sa reprise n’est pas très convaincante en junior, pas plus que sur le circuit pro, qu’elle arpente pourtant depuis 2018 mais sans connaître de résultat probant. Il faut attendre un $15.000 à Antalya au début du printemps 2021 pour la voir atteindre une finale chez les adultes. Elle revient alors sur le circuit junior pour atteindre les demi-finales d’un Grade 1 puis le troisième tour de Roland-Garros où elle subit la loi de Linda Noskova. Son exploit chez les juniors, elle le signe à Wimbledon où elle va au bout de son rêve et remporte le titre. L’Espagnole, qui a la particularité assez rare sur le circuit de jouer avec des lunettes, est la première joueuse de son pays à s’imposer à Wimbledon junior. 

Son parcours est chaotique mais méritant puisqu’elle domine deux des plus grands espoirs du tennis mondial, Linda Fruhvirtova et Alexandra Eala (on vous parlera certainement de cette dernière l’an prochain également). Sur sa lancée, Ane Mintegi del Olmo atteint la finale du W60 de Vitoria. En fin d’année, elle atteint même son premier quart de finale sur le grand circuit lors du WTA 125 de Montevideo. En 2022, elle tentera sa chance dans des tournois plus relevés avec l’intention de retourner à Wimbledon, chez les adultes cette fois.